Le Cigare est, comme le vin, est une affaire de mélange. Il est constitué par l’assemblage de deux ou, plus souvent, trois feuilles de tabac différentes assurant un subtil équilibre entre arômes, puissance et combustibilité. Cet assemblage est ensuite enveloppé dans un feuille de sous-cape pour donner la forme voulue, puis le tout est recouvert par dans une feuille de cape dont le but est essentiellement esthétique.
L’art de la fabrication d’un cigare est donc bien celui de trouver le meilleur assemblage (liga) pour aboutir à l’architecture de goût souhaitée. Depuis des générations les manufacturiers, hollandais, espagnols et américains principalement, ont donc cherché à disposer de la plus grande diversité de tabacs possible et ont, dans cette optique, testé et développé de multiples terroirs.
Des tabacs à cigares sont récoltés aux quatre coins du monde : Philippines, Canaries, Pérou, Paraguay, Venezuela, Mexique, mais la vraie qualité n’est pas encore au rendez-vous.
D’autres pays se sont spécialisés dans la culture de feuilles de cape : Equateur, Brésil, Indonésie (très belles capes Sumatra), Etats-Unis (fameuses capes Connecticut) et Cameroun.
Le niveau supérieur est occupé par des pays, tous autour de la mer des Caraïbes, qui produisent des cigares de bonne qualité, principalement depuis que la révolution cubaine de 1949 a obligé certains des meilleurs cigariers du pays à chercher de nouvelles terres et que l’embargo des Etats-Unis contre Cuba du 7 février 1962 a obligé les américains à acheter leurs cigares ailleurs.
Parmi ceux-ci on trouve le Honduras et le Nicaragua dont le développement en matière de cigares a longtemps été ralenti par une situation politique instable dans laquelle la guérilla sandiniste bloquait les initiatives dans les deux pays. Ortega parti, la production a connu une croissance spectaculaire, principalement centrée autour des vallées de Jalapa dans la région d’Esteli au Nicaragua et de Danli dans l’est du Honduras. Avec 100 millions de cigares faits main par an, ce dernier pays se situe aujourd’hui au troisième rang dans le monde.
Un classement au premier rang duquel on trouve – surprise – la République Dominicaine avec 170 millions de cigares faits main par an. C’est que la grande île voisine de Cuba a su tirer profit de l’embargo sur Cuba et de l’instabilité politique en Amérique centrale. Davidoff fournit l’élément déclencheur en 1991 en quittant Cuba avec fracas pour s’installer République Dominicaine et donner à cette dernière la crédibilité qui lui manquait. Les meilleures plantations, qui se trouvent dans les vallées du Cibao et de la Yaque au Nord-Ouest du pays. Elles fournissent d’excellentes feuilles de tripe dont la principale caractéristique est la légèreté, ce qui oblige les dominicains à importer à la fois des tabacs plus forts pour leurs mélanges et des feuilles de cape pour produire leurs cigares.
Même si Cuba n’est plus que le deuxième producteur mondial de cigares faits main avec environ 140 millions de puros par an, ceux-ci restent et de loin les meilleurs du monde. Les raisons en sont nombreuses. Bien sûr le travail des hommes a été, comme toujours, prépondérant : c’est à Cuba que des familles d’entrepreneurs ont inventé l’art de produire les cigares, que les processus de récolte, culture, maturation et fabrication ont été développés et que les ingénieurs agronomes élaborent en permanence des plans de tabac de plus en plus productifs et résistants. Mais tout cela n’aurait servi à rien si Cuba n’avait pas présenté des conditions naturelles (ensoleillement, humidité, pluviométrie, vents marins et composition des sols) constitutives de terroirs produisant un tabac dont la qualité a été jusqu’ici inégalée.
Cuba compte cinq terroirs de tabacs (Oriente, Remedios, Semi-Vuelta, Partido et Vuelta Abajo) dont seuls les deux derniers sont éligibles à produire des feuilles entrant dans la confection des « habanos » :
Semi-Vuelta (entre La Havane et la Vuelta Abajo) et Oriente (à l’est, comme son nom l’indique) sont exclusivement exploités pour la production de cigarettes. Remedios, au centre de l’île produit des cigares de qualité inférieure, destinés au marché intérieur.
A noter que depuis quelques années, les cubains ont décidé de donner un nouvel élan aux terroirs Oriente et surtout Remedios, sous l’appellation de « Vuelta Arriba » (voir carte ci-dessus). Ils y produisent des cigares identifiés « Habanos », mais de moindre qualité et à moindre coût. C’est par exemple le cas des marques José L. Piedra et Guantanamera, qui connaissent un succès commercial intéressant.
Partido, tout près de La Havane, est la terre des débuts du tabac à Cuba mais ne produit aujourd’hui quasiment plus que des feuilles de cape, plutôt claires d’ailleurs.
A l’extrême Ouest de l’île se trouve la prestigieuse Vuelta Abajo dont les terres rouges et sablonneuses se sont révélées dès le XVIIIème siècle d’une richesse absolument incomparable et où sont produites les meilleures feuilles de tabac, de tripe comme de cape. C’est le terroir mythique du cigare dans le monde, au cœur duquel se trouve la magique vallée de Vinales (ci-dessus), patrimoine de l’humanité.
Conformément à la Loi Evin 91-32, je vous rappelle que "Fumer provoque des maladies graves" et que "Fumer tue".